A la demande d'un curieux
(sympathique), l'abbé Montarien raconte sa vie (une toute
petite partie seulement). La victime autorise le curieux à
livrer les fruits de son enquête.
Le prêtre en
question naquit à Paris le 19 octobre 1925 dans la
boulangerie de son père (non pas dans le pétrin ; ni dans le
fournil. A l'étage). Il fut baptisé le 11 novembre suivant à
St Germain de Charonne qui n'avait pas besoin de cela pour
être une des plus belles églises de Paris, mais qui ne s'en
porte pas plus mal non plus.
Il habita successivement
le XXe, Garges-Lès-Gonesse, St Ouen, Montreuil-sous-Bois et
le XVe arrondissement de Paris.
Il passait tout le temps qu'il pouvait dans la Mayenne, le
pays de ses parents, qu'il préférait à tous les autres et
dont il pourrait assez bien parler le patois (il s'agit des
parents et de la Mayenne).
C'est l'exemple d'un
prêtre qui lui a donné le désir du sacerdoce. Il est vrai
que le modèle n'était pas n'importe quoi. Le désir a disparu
au moment de l'adolescence.
Les
études se firent un peu partout ; à Albert de Mun pour en
finir.
Il prétendit ensuite étudier l'histoire. En réalité il
cultivait la paresse. Ce n'est pas un exemple à suivre.
A 20 ans, le désir du
sacerdoce lui revint et le voilà à St Sulpice
(Issy-les-Moulineaux). Le séminariste se situait un peu
au-dessous de la moyenne à tous les points de vue.
Il fut ordonné prêtre le 29 juin 1954.
Il sera successivement
préfet à Stanislas, vicaire à Levallois-Perret, auxiliaire à
Ste Croix des Neiges de l'abbé de
Clarens (l'oncle de Madame de Jarnac que l'enquêteur connaît
bien). L'abbé de Clarens est mort jeune, accidentellement ;
tant il est vrai que les meilleurs s'en vont les premiers.
Continuons l'énumération : le voilà maintenant au Lycée
Jules-Ferry (aumônier-adjoint), puis aumônier du lycée
Stéphane Mallarmé.
Tout cela lui laisse une
impression de confusion. Instabilité? Jeu des circonstances?
Permission de Dieu de toutes façons. Tout est grâce.
Et
le voilà vicaire à St André de l'Europe, où il se fera
piéger par les scouts. Les scouts marins, en 1970, la VIIe
Paris l'année suivante. Tout ce monde-là appartenait au
scoutisme européen. Mais d'humeur voyageuse, ils ont ensuite
visité tous les sanctuaires, pour se retrouver finalement à
leur point de départ. Leur prêtre les suivait, alors qu'il
aurait dû les précéder en tout (ce qu'il faisait
tout-de-même quelquefois).
C'est fou ce qu'il a de
gens dans la mémoire et dans le cœur. Il les traîne partout
avec lui. Il leur porte affection à tous, mais pour des
motifs divers. Certains ne lui ont jamais fait de peine.
D'autres ne s'en sont pas privé. Mais, s'il faut en croire
le livre de l'Imitation de Jésus-Christ : Sine dolore,
non vivitur in amore.

Les scouts du départ
étaient fort nombreux. Ils savaient assez bien leur
catéchisme (la situation s'est dégradée depuis).
Mais dans l'ensemble, les âmes se sont améliorées même s'il
reste à faire. Si on pouvait retrouver le nombre des
bonshommes et les connaissances religieuses, on ne pourrait
que se féliciter.
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